Appel au Soutien les jeunes de Bara 93

Publié le 29 Mai 2013

Nous sommes 85 jeunes, âgés de 16 à 35 ans, venus de Libye à la suite de l'intervention européenne contre le régime de Kadhafi.
Après la chute de ce régime, les Libyens nous ont assimilé à des mercenaires. Des jeunes Maliens ont été frappés, mal traités. La Croix Rouge est intervenue pour emmener certains en Italie, d'autres ont fait le trajet par leurs propres moyens avant d'être pris en charge dans les camps de rétention.
Après plusieurs mois, le gouvernement italien a fourni des papiers de séjour – sans droit de travail – à tout le monde, et a donné un pécule à certains en disant : « allez où vous voulez ».
Depuis le Mali, les gens ont entendu parler de la ville de Montreuil comme une ville qui accueille les maliens. La plupart des gens connaissent aussi le nom du foyer Bara. Donc dans l'espoir de trouver des proches et des connaissances, les gens sont venus ici.
Depuis décembre 2012 donc, nous avons constaté que les foyers n'ont pas de place, ils sont déjà débordés et nous sommes restés camper devant le foyer de la rue Bara.
Pendant quatre mois, nous sommes restés isolés avec seulement le soutien de quelques bonnes volontés individuelles. La Mairie nous a dit qu'ils avaient fait des choses pour les groupes qui nous ont précédés, mais qu'ils n'avaient plus les moyens de nous aider. Le Consulat a tenu le même discours. Pendant les neiges du mois de mars, les gens s'abritaient dans le métro et là où ils pouvaient.
A la fin du mois d'avril, nous avons occupé un bâtiment du Conseil Général rue Rapatel, vide depuis 2 ou 3 ans selon ce qu'on dit, et nous avons diffusé notre premier tract.
Le 6 mai, nous avons été expulsés violemment avec 4 blessés dont 2 hospitalisés et 3 personnes interpellées. Directement après l'expulsion, nous avons fait un rassemblement devant la mairie de Montreuil. Là de nouveau, on nous a dit que les autorités municipales ne pouvaient rien faire.
La Mairie nous a remis une lettre signée par une grande partie des associations de Maliens et de foyers de la ville disant qu'à Montreuil, on ne pouvait rien faire et appelant au préfet de s'occuper de nous. Cela nous a beaucoup choqué, fait beaucoup de mal que les maliens ne manifestent pas de solidarité envers leurs frères.
Tout ce que nous voulons, c'est d'avoir une chance de réussir, une chance de faire notre chemin. Comme les générations avant nous, nous avons besoin d'un lieu sûr pour dormir et des papiers pour pouvoir travailler.

Rédigé par collectif 76 des salaries du social et médicosoci

Publié dans #Soutiens

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